Comme dans les autres domaines scientifiques, le chercheur doit apprendre à communiquer ses travaux de recherches. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédant, la 1ère façon de communiquer passe par la réalisation d’un poster et/ou d’une communication orale lors d’un congrès.

La prochaine étape consiste à publier votre article dans une revue.

Mais pourquoi publier ?

De manière politiquement correcte, je dirai que la publication permet d’obtenir une reconnaissance suffisante permettant le financement de ses projets de recherche ainsi que l’accession à un poste universitaire. D’autres diront que c’est pour la carrière et l’argent. On vous expliquera pourquoi.

Les principales étapes du processus de publication sont exposées dans ce chapitre:

  1. Choisir sa revue
    1. Comment choisir ?
    2. L’Impact Factor et les points SIGAPS
    3. L’open access
    4. Les principales revues de médecine générale
  2. Rédaction
    1. du manuscrit
    2. de la lettre de couverture
  3. Soumission du manuscrit
    1. le rejet
    2. la 1ère lecture par l’éditeur
    3. le peer review (relecture par les pairs)
    4. l’acceptation et la mise en page
  4. Stocker ses travaux de recherche
  5. La fraude

 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous ne pouvons parler de publication sans dénoncer le scandale des revues scientifiques. En résumé, les publication rapportent beaucoup d’argent et un système élaboré permet aux grandes maison d’édition scientifique de faire de gros bénéfices au détriment de la recherche. Cette vidéo illustre bien ce phénomène. Pensez-y avec de soumettre dans une revue.

I. Choisir sa revue

A. Comment choisir ?

Question difficile mais essentielle. De très nombreuses revues existent, chacune a ses spécificités.

1/ Demander à des collègues ayant déjà publié et/ou à des rédacteurs professionnels.

2/ Faire sa propre enquête :

  • Quel est le public qui sera intéressé par mon travail : chercheur ? clinicien ? universitaire ?
  • Quel est le délai de publication ?
  • Quelle sera l’accessibilité de la publication ? revue numérique, papier, openaccess…
  • Quelles sont les conditions de publication imposées par la structure ayant financé le travail ? publication uniquement en accès  libre ?
  • Quel type de journal sera adapté pour publier mon article ? Revue pluridisciplinaire ou spécialisée, langue…

3/ S’aider de site dédiés. Certains sites web vous proposent des journaux dans lesquels vous pourriez potentiellement publier votre travail. La suggestion se fait à partir de mots clefs, de noms d’auteurs ou de votre abstract que vous aurez préalablement renseigné. Vous pouvez essayer :

4/ Vérifier que vous avez le droit de publier dans ce journal. Lorsque les travaux sont financés (bourse, fondations…), le financeur peut interdire la publication de l’article dans une revue qui a une politique éditoriale allant à l’encontre de l’OpenAccess. Vous pourrez vérifier en contactant la revue ou en vérifiant sur SHERPA/FACT.

B. L’Impact Factor et les points SIGAPS

Une préoccupation importante des chercheurs (ou plutôt des universitaires) est de publier dans une revue avec l’impact factor le plus élevé. Mais pourquoi cette obsession ?

 

Tout est question d’argent et de renommée :

  • Les unités de recherche de gagnent de l’argent pour chaque point SIGAPS: 1 point = 750 euros e nviron (par an pour une période de 4 ans)
  • Les chercheurs gagnent en notoriété leur permettant postuler à des postes universitaires. Les candidats MCU (Maître de Conférence des Universités) avaient au moins 200 points SIGPAS et les candidats PU au moins 400.

Le SIGAPS (Système d’Interrogation, de Gestion et d’Analyse des Publication Scientifiques) permet de calculer de nombre de point que gagne chaque chercheur, service ou université grâce à une publication. Le score SIGAPS d’un chercheur, d’un service ou d’un CHU correspond à la somme des scores de tous ses articles.

L’équation pour calculer les points SIGAPS est la suivante :

Score SIGAPS pour 1 article = coefficient catégorie x coefficient position.

  • plus la revue est importante, plus son IF sera élevé, plus la catégorie sera élevée, plus elle fait gagner des points.
  • Plus votre nom est bien placé dans la publication (début ou fin), plus vous gagnez des points.

 

Pour en savoir plus sur le SIGAPS, référez vous au chapitre dédié : « Publish or perish »

C. L’open Access

En cours de rédaction…

 

D. Le piège des revues prédatrices

L’essor du mouvement du libre accès aux résultats de la recherche sur internet (Open access) s’est accompagné de la création de pseudo-revues scientifiques par des maisons d’édition (éditeurs, publishers) peu scrupuleuses, qualifiées d’éditeurs prédateurs. En anglais, on parle de predatory scholarly open-access publishers, predatory publishers, predatory journals.

Le but d’un éditeur dit prédateur est de gagner de l’argent sans se soucier de promouvoir ni de pérenniser les résultats de la recherche scientifique. Le processus éditorial, la gestion financière et le fonctionnement des revues sont opaques et sans rigueur scientifique, et ne répondent pas aux recommandations éthiques et professionnelles de la publication scientifique.

Les éditeurs prédateurs publient couramment des articles déjà publiés ailleurs (c’est le plagiat), de la pseudoscience, de faux résultats, des conclusions éthiquement inacceptables .

Le site CoopIST a mis en place un guide pour repérer et vous prévenir des revues prédatrices lors de votre soumission.

E. Principales revues de médecine générale

De nombreuses revues publient des articles de médecine générale. Ce sont soit des revues spécialisées en médecine générale, soit des revues pluridisciplinaires, soit des revues spécifiques d’un domaine particulier (pneumologie, santé publique…).

Les tableaux suivant reprennent les principales caractéristiques des potentielles revues dans lesquelles vous pourrez publier (sauf les revues de spécialités non généralistes) :

1. Les revues francophones

On distingue 2 type de revues :

  • celles évaluation par les paires (peer review) garantissant un niveau scientifique :
TitreSigleImpact FactorRevue officiellePaysType
Exercer0 - pas indexéeCNGE (Collège Nationale des Généralistes Enseignants )FranceMédecine Générale
Canadian Family Physician / le Médecin de Famille CanadienCFP / MFC1,6Collège des Médecins de Famille du Canada / College of Family Physicians of Canada
CanadaMédecine Générale
La Revue Médicale SuisseSociété médicale de la Suisse romande (SMSR) et de la Société suisse de médecine interne (SSMI)
Presse Médicale1,0FrancePluridisciplinaire
Santé Publique0Société Française de Santé PubliqueFranceSanté Publique
Revue d'Epidémiologie et de Santé Publique0,79FranceSanté Publique
Pédagogie MédicalePed Med0Société Internationale Francophone d’Éducation MédicaleInternationalePédagogie
  • celles sans évaluations par les paires :
TitreType
La Revue du Praticien de Médecine GénéraleMédecine Générale
La Revue du PraticienPluridisciplinaire
MédecineMédecine Générale
Le GénéralisteMédecine Générale

2. Les revues anglophones de médecine générale

TitreSigleImpact Factor 2015Revue officiellePays
Annals of Family Medicine5,17 organisation académiques états-uniennesEtats-Unis d'Amérique
British Journal of General Practice2,7Royal College of General PractitionersAngleterre
Family Practice
2,0
Journal of American Board of Family MedicineJABFM2,0American Board of Family Medicine.Etats-Unis d'Amérique
American Family Physician1,9AAFP (American Academy of Family Physicians)Etats-Unis d'Amérique
Canadian Family Physician / le Médecin de Famille CanadienCFP / MFC1,6Collège des Médecins de Famille du Canada / College of Family Physicians of Canada
Canada
BMC Family Practice1,6
Scandinavian Journal of Primary Health CareSJPHC1,5Nordic Federation of General PracticePays scandinaves
Primary Care Respiratory Medicine1,4Internationale
European Journal of General Practice1,4WONCA EuropeEuropéenne
Australian Journal of Primary Health1,1Australie
Primary Health Care Research & Development1,09Université de CambridgeAngleterre
Family Medicine1,0Society of Teachers of Family Medicine
Australian Family Physician0,8Royal Australian College of General Australie
Journal of Family Practice
0,7

3. Les revues anglophones pluridisciplinaires

TitreSigleImpact Factor 2015Revue officielle
New England Journal of MedicineNEJM59
Lancet44
Journal of American Medical Association
JAMA59,6
British Medical JournalBMJ19,7
PLOS Medicine13,6
BMC Medicine8,0
Canadian Medical Association Journal(bilingue)6,7Canadian Medical Association
BMJ Open2,6

II. Rédaction

A. Le manuscrit

La rédaction d’un article scientifique est un processus long et structuré. Référez vous au chapitre correspondant.

B. Lettre de couverture

La lettre de couverture accompagne le manuscrit lors de la soumission d’un article. Elle doit permettre de transmettre l’idée que le manuscrit est original et intéressant, que les auteurs ont respecté les recommandations, que les conditions sont respectées pour faciliter la communication entre les auteurs et l’éditeur.

Synonyme : lettre d’accompagnement

Anglais : cover letter

Les instructions concernant le contenu de la lettre de couverture sont présentées dans la partie « recommandations aux auteurs ». Chaque revue a ses propres instructions et il est important de les suivre de façon attentive.

Habituellement, on retrouve :

  • Présentation du manuscrit : titre, type de travail (article original…), nom de la revue.
  • Respect des recommandations aux auteurs : nombre de mots, figures, tableaux, références.
  • Originalité du manuscrit : apporte de nouvelles connaissances et n’a pas déjà été publié.
  • Responsabilité des auteurs : ils doivent déclarer avoir approuvé la dernière version du manuscrit. Ils signeront la lettre à la fin.
  • Coordonnées du correspondant : un des auteurs sera désigné pour correspondre avec la revue.
  • Transfert du copyright : certaines revues exigent que la transmission du copyright pour la reprographie soit accordée dès la soumission.

III. Soumission de l’article

La majeure partie des revues permettent de soumettre un manuscrit directement sur leur site internet. Il suffit de suivre les instructions.

Le processus de soumission suit les étapes suivantes :

[gview file= »https://lepcam.fr/wp-content/uploads/2016/06/VERTICAL-comité-de-lecture.pdf »]

A. Le rejet

Il va falloir vous y habituer… les 3/4 des manuscrit sont rejetés par les revues. Cela ne signifie pas forcément que votre travail est mauvais, mais qu’il a peut être été mal présenté, ou proposé dans la mauvaise revue. Il vous coûtera quelques heures de travail supplémentaire pour mettre en forme le nouveau manuscrit et le soumettre.

Il est fréquent de se faire rejeter une fois, deux fois, trois fois… Ne perdez pas courage et tenez bien compte des remarques des relecteurs.

B. 1ère lecture de l’éditeur

A la réception du manuscrit et de la lettre de couverture, l’éditeur effectuera une 1ère lecture :

  • Soit il accepte le manuscrit sans révision (ce qui n’arrive en réalité jamais)
  • Soit il estime que le manuscrit est publiable. Dans ce cas, il sélectionnera des relecteurs et leur demandera de réaliser une lecture critique.
  • Soit il rejettera le manuscrit (dans 70 à 90% des cas)

C. La lecture par les pairs

  • Définition (wiki) : activité collective des chercheurs qui jugent de façon critique les travaux d’autres chercheurs (leurs « pairs »). […] L’évaluation par les pairs est menée par des comités de lecture qui décident si le compte rendu d’un travail de recherche soumis pour publication est acceptable ou non.
    • Anglais : peer review

Le déroulement du peer reviewing

Si le manuscrit est jugé publiable, l’éditeur l’enverra à un ou plusieurs relecteurs qui réaliseront une lecture critique, proposeront des modifications et des recommandations. A la lumière de cet avis, l’éditeur pourra proposer à l’auteur d’effectuer les corrections demandées s’il pense que le manuscrit est toujours publiable.

Habituellement, les relecteurs ne sont pas rémunérés et leur nom n’est pas communiqué à l’auteur.

D. Acceptation du manuscrit

S’il est accepté, le manuscrit passe par un processus de publication.

Dans sa lettre d’acceptation, l’éditeur pourra exposer les conditions pour la publication :

  • les détails du transfert de copyright
  • les dernières modifications
  • la fourniture de signatures complémentaires
  • les frais de publication

E. La mise en page

Le rédacteur technique vérifie que les recommandations aux auteurs ont bien été respectées. N’étant pas familier du sujet, il vérifie la clarté et la précisions des termes ainsi que les références, les tableaux et les figures.

Il s’occupera aussi de la mise en page et de la mise en forme selon les normes de la revue.

IV. Stocker ses travaux

En cours de rédaction…

V. La fraude

En cours de rédaction…